La Corée, dont le développement industriel a été fondé sur des secteurs très énergivores (sidérurgie, pétrochimie, ciment), a vu sa demande énergétique être multipliée par quatre en vingt ans. Résultat, le pays importe aujourd’hui 97 % de l’énergie qu’il consomme, laquelle provient en très forte majorité de ressources fossiles.
Pour réduire l’empreinte écologique et la facture énergétique de sa production, et face au ralentissement de sa croissance économique, inédit depuis la crise de 1997-98, la Corée du Sud a lancé un plan de relance largement tourné vers l’environnement : rénovation des bâtiments, développement des transports écologiques, programmes d’énergies alternatives, revitalisation des quatre rivières majeures, etc. Pour ce faire, le gouvernement souhaite engager près de 2 % de son PIB sur la période 2009-2013, un niveau record dans la zone OCDE, qui fait de la Corée l’élève modèle du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), promoteur d’un «Global Green New Deal».
L’objectif est explicite pour les autorités : devenir une puissance verte.
Le verdissement de l’économie coréenne répond à un double objectif. À court terme, il constitue une réponse à la crise, dirigée prioritairement vers le marché du travail grâce à une politique de grands travaux d’infrastructures. À plus long terme, il s’agit de mener une politique industrielle volontariste dans le secteur des technologies vertes, identifiées comme les futurs moteurs d’une crois- sance durable. L’objectif est explicite pour les autorités :devenir une puissance verte, capable de rivaliser avec les leaders mondiaux des technologies vertes (États-Unis, Chine, UE, Japon), considérant que les premiers à entrer en action «récolteront les fruits du nouveau monde vert».
Mais cette démarche, qui renoue avec la pratique des plans de développement quinquennaux dirigés par l’État, appelle un certain nombre de critiques et d’interrogations sur la nature exacte des emplois créés (plus ou moins «verts»), sur l’impact environnemental des grands projets d’infrastructures, sur les modalités de financement, etc. La crainte est que le verdissement de l’économie ne constitue qu’un ajustement à la marge du système productif, alors que d’aucuns appellent à une profonde mutation des structures de l’économie, dont le modèle de croissance va fatalement s’épuiser en raison des tensions qu’il exerce sur les ressources naturelles et de sa très forte dépendance à l’énergie fossile importée.
Damien Conaré
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